Le triste sort de la Société nationale La Poste, scellé par l’argentier de l’Etat, Abdoulaye Daouda Diallo devant les députés sénégalais, il y trois jours, devrait alerter les Sénégalais sur ce qui nous pend au nez avec la mauvaise gestion des entreprises publiques. De la Sonacos à Dakar Dem Dikk en passant par le Coud,
Le triste sort de la Société nationale La Poste, scellé par l’argentier de l’Etat, Abdoulaye Daouda Diallo devant les députés sénégalais, il y trois jours, devrait alerter les Sénégalais sur ce qui nous pend au nez avec la mauvaise gestion des entreprises publiques. De la Sonacos à Dakar Dem Dikk en passant par le Coud, le Cices ou encore les Crous, les gestions clientélistes de ces biens communs n’augurent rien de bon pour le pays et devraient davantage interpeller les bailleurs.
Le facteur sonne toujours deux fois, a-t-on l’habitude de dire dans le jargon des postiers. Ainsi, les dernières déclarations du ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, sur la situation de La Poste, doivent inquiéter sur ce qui nous pend au nez avec le bataillon public. Cette entreprise stratégique est en cessation de paiement. A court de liquidité, elle traine une dette de 42 milliards, épongée jusqu’à 32 milliards par l’Etat à qui elle doit également 196 milliards de francs Cfa. Comme toujours, c’est l’Etat qui paie les pots cassés par les politiciens. Car, du Thiessois Siré Dia au Koldois, Abdoulaye bibi Baldé, cette entreprise est passée entre les mains de politiques pour ne s’intéresser qu’aux dix dernières années.
Mais La Poste est sans doute l’arbre qui cache la forêt. Les syndicalistes de la société de transport public Dakar Dem Dikk alertent régulièrement sur la situation difficile de leur entreprise.
La question qui taraude les esprits est de savoir comment en est-on arrivé à cette triste situation. Eh bien, la réponse semble couler de source : la mauvaise gouvernance des entreprises publiques. Lesquelles sont, presque toutes, politisées à outrance, notamment avec des recrutements clientélistes de militants de la localité d’origine du Directeur général. Chacun continuant de creuser davantage la masse salariale et les charges. Comme Kanté s’en est bien illustré au Port, au point que les institutions de Brettons Woods étaient obligées de réclamer sa tête à Macky Sall. Un syndrome qui guette la Direction générale des impôts et Domaines (Dgid) où tout le monde veut travailler à cause de ces indemnités ubuesques tristement appelées «fonds communs». Ce qui rend le personnel pléthorique pendant que les hôpitaux de Dakar et de l’intérieur du pays manquent de matériel et de personnel qualifié et que l’école publique meurt de sa belle mort.
Idem au Coud ou dans les Crous où le recrutement clientéliste est de principe, celui fondé sur des critères de compétence, l’exception, y compris pour les postes de direction. Conséquence : ces structures vivent en permanence de perfusions financières publiques.
Le plus grave est que ce signal fort n’a pas l’air de choquer grand monde dans ce pays. Parce qu’on ne parle pas d’audit encore moins de reddition des comptes. Car, le déficit de grisbi qui a mis à genoux ces «fleurons» ne semble pas perdu pour tout le monde.
A la place de ces politiques, le chef de l’Etat aurait dû faire appel aux grandes compétences sénégalaises du secteur privé pour gérer ces boites à fort potentiel, capables de nous valoir des points de plus au Pib. En effet, aucune logique économique ne permet d’accepter un Diagne Fada à la tête d’une entreprise agroalimentaire aussi importante que la Sonacos alors que le pays regorge de grandes compétences dans ce secteur, comme Thiendata Boyo Ndaw, un ex de la maison, et autres.
La même logique qui avait poussé Macky Sall à faire appel au talent d’un certain Amadou Hott pour diriger le Fonds stratégique d’investissement prioritaires (Fonsis) et Ibrahima Kane, son successeur, pour piloter le pavillon national Air Sénégal Sa, entre autres, aurait dû l’emmener à envoyer les politiciens au Conseil économique, social et environnemental (Cese) ou au Hcct pour encaisser, pour peu.
Mais avec ce mode gestion politique, on est à des années lumières des slogans «La patrie avant le parti» ou encore «la gestion sobre et vertueuse». Avec l’Etat-Apr, c’est le nombre de militants qui détermine ses choix et non la gestion saine. Plus un responsable a des militants, plus il a des chances de trôner à la tête d’une grande entreprise publique. Les qualités de gestion arrivent très loin derrière. Il n’existe pratiquement pas une seule entreprise publique dirigée par une personne apolitique. Et cette caste de politiciens font, très souvent, ce qu’ils veulent sans jamais être inquiétés.
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