Jadis, l’Etat avait une propension à mettre une énergie folle à détruire les réussites sénégalaises s’il ne mettait pas beaucoup de hargne à dénigrer son incapacité. Ce qui n’empêchait pas à des entrepreneurs locaux de creuser leur sillon dans leur secteur d’activité. Et des fiertés sénégalaises n’ont pas manqué dans ce domaine. L’entrepreneur sénégalais, Bara
Jadis, l’Etat avait une propension à mettre une énergie folle à détruire les réussites sénégalaises s’il ne mettait pas beaucoup de hargne à dénigrer son incapacité. Ce qui n’empêchait pas à des entrepreneurs locaux de creuser leur sillon dans leur secteur d’activité. Et des fiertés sénégalaises n’ont pas manqué dans ce domaine. L’entrepreneur sénégalais, Bara Tall, Pdg du groupe Talix, avait fait un coup d’éclat en rachetant la boîte qui l’employait, Jean Lefebvre Sénégal (Jls). Mais, à cause d’une guerre qui l’avait opposé au clan Abdoulaye Wade au début des années 2000 avec les chantiers de Thiès notamment, l’Etat avait entrepris de casser son business. La suite, on l’a connaît. Kabirou Mbodje, Pdg du groupe Wari, qui a fait récemment une sortie dans les colonnes de nos confrères du journal LeQuotidien, avait lui aussi frappé un grand coup avec le rachat de Tigo en 2018. Mais l’Etat du Sénégal que dirigeait Macky Sall ne l’a pas aidé, préférant laisser la française Free de Xavier Niel, qui a fait fortune dans le porno, s’en accaparer avant de la céder à son partenaire malgache aujourd’hui sous le label Yas.
Comme Icare, à force de vouloir trop s’approcher du Soleil, M. Mbodje s’est fait brûler les ailes. Par les siens. Brillant et entreprenant, l’homme d’affaires a fait montre d’une innovation qui a révolutionné le secteur du transfert d’argent avec son label Wari qui a connu un franc succès sur le continent africain. Mais, depuis qu’il a annoncé sa volonté de racheter la filiale sénégalaise du groupe américain Millicom international Cellular (Mic), pour marquer son entrée dans ce secteur lucratif des télécoms avec son levier de monétique, Kabirou Mbodje a braqué tous les projecteurs sur lui. Depuis, il ne fait que rencontrer des difficultés de tous ordres. Sans aucun soutien de son Etat sénégalais qui regarde ce grand pourvoyeur d’emplois se débattre seul pour sortir la tête hors de l’eau.
Ainsi, souverainisme pour souverainisme, les actuels tenants de l’Etat ont vu de Sénégalais précurseurs dans leur philosophie. Mais, l’Etat n’a jamais été à la hauteur de son soutien au secteur privé national. Il a toujours préféré dire que celui-ci n’est pas fort, alors que même fragile il se devait de l’aider à grandir. Car, si Mittal a réussi au point de venir chercher des marchés au Sénégal sous Wade, c’est parce que le gouvernement indien l’a soutenu.
Diomaye-Sonko sur les pas de Wade et Macky
Ce qui contraste avec l’attitude des nouvelles autorités sénégalaises qui ont courroucé le patronat national en empruntant cette voie délicate de leurs prédécesseurs. En effet, la Sn Hlm entreprend de signer avec une firme montpelliéraine, française, pour la construction de 25 mille logements sociaux. Ce qui a provoqué une levée de bouclier des syndicats patronaux du secteur des Btp. Une grogne compréhensible quand on sait qu’il n’y a rien de plus facile dans le secteur des Btp que tels projets, que même un maçon débutant peut réaliser.
Pis, nous avons récemment vu avec le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage (Masae), Mabouba Diagne, se glorifier d’un projet de 10 mille hectares avec la société italienne Bonifiche Ferraresi International, dans la région de Sédhiou, alors qu’à côté, le même Etat du Sénégal refuse à un champion national, Babacar Ngom quelques terres à Ndingueler.
Ainsi, quand c’est étranger, on lui fait la danse du ventre avant d’exalter sur l’investissement direct étranger. Mais quand il s’agit des nationaux, l’Etat le sabote voire le saborde.
Aujourd’hui, l’Etat stratège que théorise le Premier ministre Ousmane Sonko doit, d’une subtile tactique, être la locomotive du secteur privé comme le Royaume chérifien s’y emploie bien en accompagnant son bataillon à l’export, notamment dans le marché de la Cedeao. Dans l’immobilier, le groupe sénégalais Sablux entend poursuivre son expansion au Burkina Faso. Une initiative salutaire sur laquelle on ne voit pas encore le soutien du gouvernement. Que dire de Senico dans l’agroalimentaire ou encore de EDK. Un bataillon sénégalaise que l’Etat-stratège devrait aider à «chasser en meute», comme le préconisait le rapport Attali de la Commission pour la libération de la croissance française, dans le voisinage. Cela, dans un contexte où le besoin en capitaux moyens et longs pour l’économie est estimé à plus de 950 milliards de francs Cfa l’année au moment où notre secteur financier et bancaire peine à mobiliser annuellement 300 milliards pour leur financement.
Tout le bien que l’Etat peut faire, il le fait mal. Tout le mal qu’il veut, il le fait bien
Pourtant, aux Usa, fraîchement revenu aux affaires, le Président Donald Trump a menacé la chinoise Tiktok qui a été obligée de faire des concessions dans sa partie américaine en cédant 50% de son capital aux américains. Ainsi, c’est l’Etat fédéral américain, le plus libéral au monde, qui casse ainsi les règles de la concurrence pour favoriser son secteur privé. Et il en fera de même avec les Européens qui vendent à l’Amérique mais lui achète très peu.
Mais, au Sénégal, quand l’Etat veut faire du souverainisme économique, il le fait mal. A preuve, il a plusieurs fois englouti des centaines de milliards de francs Cfa du contribuable dans la création de compagnies aériennes qui finissent en crash économique. La dernière en date, Air Sénégal S.A, traîne aujourd’hui une dette de 100 milliards de francs Cfa pour un capital de 40 milliards, selon son Commandant de bord, Tidiane Ndiaye. Et comme le théorisent éloquemment la doctrine libérale, tout le bien que l’Etat peut faire, il le fait mal. A contrario, tout le mal qu’il veut, il le fait bien, comme casser son secteur privé national.
Aujourd’hui, donc, l’Etat du Sénégal, qui prône à outrance le souverainisme, doit réhabiliter et accompagner les champions nationaux qui ont eu raison avant tout le monde.
Il doit, de même, aider les autres qui sont là, investissent ici parce qu’ils croient en notre pays, paient des impôts pour renflouer l’Etat, requinquer l’économie, et emploient ces milliers de jeunes qui n’ont plus espoir depuis qu’on vend le doute, avec les marges de manœuvre budgétaire et financière qui n’existent quasiment plus, à la place de l’espérance, du rêve américain. Pardon Sénégalais.
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