C’est l’effervescence dans le landernau politique sénégalais. A un an de la présidentielle de 2024, les candidatures font fureur. Et, tous les partis et coalition s’agitent par des meetings et rassemblements. Les formations politiques, du pouvoir comme de l’opposition, rivalisent dans la remobilisation des troupes. En fin janvier, le parti d’opposition Pastef avait réussi un
C’est l’effervescence dans le landernau politique sénégalais. A un an de la présidentielle de 2024, les candidatures font fureur. Et, tous les partis et coalition s’agitent par des meetings et rassemblements. Les formations politiques, du pouvoir comme de l’opposition, rivalisent dans la remobilisation des troupes. En fin janvier, le parti d’opposition Pastef avait réussi un grand meeting à Keur Massar, dans la banlieue dakaraoise. Un meeting contrecarré par une série d’investitures du Président sortant Macky Sall par des partisans du système dans plusieurs localités.
Il y a une semaine, c’était autour du Parti de l’Unité et du Rassemblement (Pur) d’investir Serigne Moustapha Sy, à travers une grande mobilisation, à Guédiawaye, dans le cadre des 25 ans de leur formation politique. Au même moment, Khalifa Sall était en tournée politique à l’intérieur du pays, Macky Sall à Sédhiou et Abdourahmane Diouf à Kaolack. «Ces rassemblements montrent, s’il en était encore besoin, que la campagne électorale non officielle a bien démarré», analyse un enseignant-chercheur en sciences politiques. Selon lui, il s’agit d’une campagne déguisée, une concurrence sur fond d’illusion des foules.
Néanmoins, il trouve normal que les partis politiques pensent toujours aux élections. D’autant plus que, soutient-il, dans les démocraties contemporaines, l’élection est le mode de désignation privilégié des gouvernants. «Plus l’échéance de 2024 se précisera, plus les présidentiables vont redoubler d’efforts dans leurs stratégies de mobilisation de l’électorat. Les uns craignant d’être moins présents que les autres dans les quartiers, les villes et les villages», décrypte Jean Charles Biagui. Selon qui, il s’agit, pour les partis politiques, «d’occuper le terrain et de se lancer déjà dans la campagne surtout que la date de l’élection présidentielle est désormais connue». Et qu’il ne faut, conseille l’enseignant-chercheur, ni surestimer ni sous-estimer la signification de la forte affluence populaire des rassemblements politiques. Il est très difficile, estime-t-il, de faire une analyse objective sans sondages ou entretiens avec les citoyens qui suivent les meetings.
Par contre, soutient-il, « il est étonnant de constater que le pouvoir se comporte comme une opposition en versant dans la surenchère des mobilisations ». « Nous avons actuellement un pouvoir sur la défensive, sans réelle initiative et qui se limite à réagir devant les actions politiques de l’opposition en particulier de Pastef/Les patriotes. Le pouvoir est à la croisée des chemins et dos au mur. Ses deux stratégies fétiches, l’instrumentalisation de la justice et la répression policière se révèlent de plus en plus incapables de faire face à l’opposition », constate l’enseignant-chercheur à la faculté de droit de l’Ucad. Ce qui confirme, dit-il, une réduction de sa marge de manœuvre. « Il n’est pas très difficile de mobiliser dans un pays où donner 2500 francs Cfa ou des tissus sont une aubaine pour certains de nos compatriotes. Mais il est plus difficile de proposer un discours politique mobilisateur pour un régime qui veut maintenir son chef au pouvoir en dépit de la loi fondamentale et du bon sens », prévoit -t-il.
Pour sa part, Serigne Thiam, enseignant-chercheur à l’Ucad, voit dans ces rassemblements une démonstration des partis et coalitions politiques. Ce qui est nécessaire, soutient-il, en politique. « C’est une manière de montrer au camp d’en face une sorte de pression. C’est une opération de charme aux militants et sympathisants », analyse-t-il. Selon lui, c’est également un message entre les différentes coalitions, une concurrence qui ne dit pas son nom. « Ces agitations profitent aux partis ou coalitions qui les organisent. Je tiens simplement à préciser qu’une foule n’est pas un électorat », explique-t-il.
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